Allez, j’me mets à une petite revue de presse, histoire de garder une trace de ce qui passe parfois un peu trop vite sur Twitter. Je ne sais pas si ce #1 sera le début d’une série, mais point n’est besoin d’espérer pour entreprendre comme on dit! 🙂 

 

Belgique

L’Observatoire International des Prisons (OIP) a rendu public sa notice 2009-2013 de l’état du système carcéral belge. Composée d’avocats, de criminologues, de magistrats, de citoyens, etc., cette organisation joue un rôle de vigilance et d’alerte. Le diagnostic: les problèmes pointés lors du précédent rapport se sont aggravés (surpopulation carcérale, conditions de détention, hygiène, santé, suicides, etc.). L’OIP en dénombre en tout 80, dont beaucoup découlent de la surpopulation. Quelques statistiques:

 

Rapport Observatoire Internationnal des Prisons

 

 

Actuellement, les 36 prisons belges, que l’OIP qualifie de “zones de non-droit”, comptent quelque 12.000 détenus pour une capacité d’un peu plus de 9.000 places. “Le nombre de détenus a augmenté de 7% en 2012. Au cours des trois dernières décennies, la capacité des prisons belges a augmenté de 50% mais on compte sur cette période 80% de détenus en plus. Les prisons sont surpeuplées et sont de plus en plus vétustes. Les prisons explosent, les détenus explosent”, a souligné Juliette Moreau, présidente de la section belge de l’OIP. Une situation qui contraint la Belgique à louer la prison de Tilburg, aux Pays-Bas. Dont coût: 38 millions d’euros par an.

 

Les causes selon l’OIP:

Ces problèmes sont dus a un recours “abusif” à la détention préventive, à l’allongement et à la multiplication des peines ainsi qu’à l’insuffisance du nombre d’octroi de libérations conditionnelles. “On en est arrivé à un tel point que la cour d’appel a qualifié la détention à Forest de traitement inhumain et dégradant au regard de la Convention européenne des droits de l’Homme”, constate Juliette Moreau.

Mais aussi, au niveau politique, comme souvent lorsque les choses dysfonctionnent, l’OIP dénonce une “ministre sourde” et un manque de dialogue avec les différents acteurs du monde carcéral. Il faut dire qu’à différents niveaux de pouvoirs correspondent des partis politiques divers dont les objectifs sont parfois opposés, sans parler des différences communautaires. Par exemple, notre ministre de la justice (niveau fédéral) est de la droite flamande alors que la ministre responsable de l’aide aux personnes à Bruxelles (niveau communautaire) est du parti Écolo (francophone). A noter que l’OIP pointe également les grèves des gardiens, qui aggravent encore plus les conditions de détentions (plus de visites sociales ou familiales, de douche, etc.) La Belgique est le seul pays de l’Union Européenne avec l’Albanie à ne pas avoir de système de service minimum, et en cas de grève les gardiens y sont remplacés par des policiers (parfois ceux qui ont mené à l’arrestation de ces détenus!). Source: LaLibre et LaLibre

 

Réinsertion des détenus

Après quelques années passées à l’ombre, Bertrand Cantat revient droit dans le soleil avec une nouvelle chanson et un nouvel album à venir mi-novembre. Du coup, tous le monde a un avis, selon que l’on dédie son empathie aux victimes ou à l’artiste. De leur côté, même les radios se demandent s’il faut le diffuser ou non.

 

 

Et nous découvrons le cas du chanteur Cantat se transformer en question sur la réinsertion d’un détenu. Certains semblent même penser qu’il ne devrait se réinsérer que dans la discrétion. Cette affaire pose la question de l’écart entre le crime et l’homme. Il y a ceux qui estiment que l’acte de juger et de punir a été pris en charge par la société et à l’inverse ceux qui estiment qu’un meurtrier ne sera jamais suffisamment puni. Ceux qui aiment la chanson et ceux qui ne veulent même pas l’écouter. C’est tout le problème du casier judiciaire (Certificat de Bonne Vie et Mœurs), lettre écarlate qui vient peindre l’acte passé à même la peau de l’ex-détenu, ce qui l’identifie à son acte et le désigne à la vindicte populaire. Contrairement à d’autres justiciables, notre Cantateur ne peut falsifier son casier judiciaire ni le cacher aux yeux des autres: sa célébrité est la colle de l’acte à son être. Mais comme le disait le héro ordinaire de Larcenet, “mon boucher est un bonhomme abominable, mais son jambon sec est un pur moment de bonheur…”

 

Larcenet - Le combat ordinaire

“Le combat ordinaire”, de Manu Larcenet

 

 

Après du pain et des jeux, du pain et des prisons

J’apprends qu’un stade du mondial 2014 au Brésil pourrait par la suite être transformé en prison. C’est la justice brésilienne qui le propose car la ville ne possède pas d’équipe de première division mais par contre ne manque pas de détenus. Mais, après avoir été échaudé par le prix que va leur coûter l’organisation du Mondial, le peuple brésilien craint que ces jeux deviennent leur prison.

Stade de foot au Brésil

 

La violence est-elle un jeu de société?

“La société accusée de rendre les jeux vidéos violents!”, selon un article dont le Gorafi a le secret! C’est un vieux débat qui ressort inévitablement quand un fait divers concerne des jeunes: le jeux vidéo est-il responsable de leur violence?

Le Word Trade Center en feu

La question est intelligemment renversée grâce à l’inévitable étude américaine:

Ce qui n’était jusqu’à présent qu’une simple idée reçue vient d’être scientifiquement prouvé : la société rend les jeux vidéo de plus en plus violents. Quinze années durant, cinquante développeurs de Rockstar North ont été contraints de regarder Fox News et d’autres chaînes d’infos en continu pendant plusieurs heures par jour. Résultat: les concepteurs à l’origine des Lemmings sont aujourd’hui responsables de GTA V!

Conclusion logique:

S’appuyant sur les résultats de cette étude, de nombreuses voix s’élèvent déjà pour laisser entendre qu’il faudrait purement et simplement interdire la société.

 

Jusqu’où va la responsabilité? 

L’express nous apprend qu’une mère infanticide vient d’être acquittée du meurtre de son enfant.

Cette quadragénaire était jugée depuis lundi pour le meurtre en 2006 de son nouveau-né. Elle avait accouché seule dans les toilettes de la salle des fêtes avant de placer le corps du bébé dans une poubelle. Durant le procès, la défense a soutenu la thèse du “déni de grossesse total”. L’accusée a dit n’avoir que des “bribes” de souvenirs du drame. La cour a décidé dans son verdict de requalifier les faits d'”homicide volontaire sur mineur” en “privations volontaires de soins ayant entraîné la mort”, avant de considérer que l’accusée était “atteinte d’un trouble psychique ou neuro-psychique au moment des faits ayant aboli son discernement”.

Ça m’a fait penser à ces détenus qui ont commis un délit suite à la prise d’alcool et de drogue/médicaments, et qui ne se souviennent de rien. Est-ce que cela retire leur responsabilité? Alors, jusqu’où va la responsabilité? Peut-on être considéré comme responsable au-delà de notre conscience? J’ai repensé à cet article du psychanalyste Jacques-Alain Miller “L’oubli est un meurtre” sur LePoint.fr, suite à une série d’enfants décédés après avoir été oubliés par leur parent dans leur voiture. Drame qui curieusement semble plus souvent arriver aux homme qu’aux femmes: “les mères infanticides conservent l’objet : elles le congèlent, le réduisent en cendres ou le découpent en morceaux. Les pères le perdent, l’oublient.” Ce qui permet au psychanalyste de différencier la responsabilité pénale et la responsabilité subjective:

Du point de vue psychanalytique, le sujet est responsable de tout : de ses lapsus, de ses actes manqués, de ses rêves, de ses absences. C’est pourquoi Freud pouvait dire que, dans l’inconscient, nous sommes tous criminels. Pour l’appareil judiciaire, heureusement, il en va autrement. Les juges n’ont pas à connaître du désir, mais de la volonté. Il y a eu homicide, était-il voulu, prémédité, ou non ?

 

Et puis sur Twitter:

 

Allez, j’vous laisse sur une photo…  

 

Cellule d'envol