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En ces temps troublés, il semblerait que les éléments de surveillance, de contrôle et de prévoyance au cœur de notre société soient en crise.

La prison de Fleury-Mérogis, qui accueille depuis peu l’un des auteurs les plus connus des attaques sanglantes de Paris et Bruxelles, a franchi un cap inédit dans la surveillance des terroristes. D’après la presse qui relaie les propos de l’avocat de l’intéressé, les autorités françaises ont opté pour une surveillance visuelle par caméra 24h/24 de M. Abdeslam dans sa cellule !

D’après l’Union Fédérale Autonome Pénitentiaire, « deux surveillants aguerris ayant suivi une formation spécifique concernant les détenus à la réputation dangereuse seront attachés à sa surveillance »[i] (c’est nous qui soulignons). Voilà une entrée en matière qui ne laisse planer aucun doute sur le sérieux de ce dispositif…

Mais que cherche-t-on donc à déceler lorsqu’on procède à une surveillance permanente de quelqu’un derrière un écran ? Salah Abdeslam pourrait-il dévoiler des éléments indispensables pour l’enquête en parlant dans son sommeil ? Ou alors pourrait-il, dans un précieux instant d’égarement, nous montrer son « vrai visage » monstrueux derrière le « détenu modèle » ? Cette vérité terrible, que nous supposons dissimulée, rejoint d’ailleurs le motif annoncé de cette surveillance extrême : il s’agirait de l’empêcher d’attenter à sa vie. Pour des raisons légales ou humanistes ? Ou bien plutôt pour nous ménager l’espoir qu’un jour, il puisse « tout dire » ? Tout dire alors de ses actes criminels, mais aussi du terrorisme en général, et qu’il nous explique également l’origine de ce « radicalisme », pourquoi pas. Monsieur Abdeslam pourrait-il enfin nous éclairer sur les raisons de la violence et de la destructivité humaine, lui qui a certainement tout calculé de A à Z ?

Un si noble objectif nécessiterait donc de le tenir à l’œil à tout prix pour qu’il parle, comme s’il existait un passage magique de l’un à l’autre : du voir au savoir. Le tout en faisant fi de la question de la jouissance du regard qui voit tout, dont on ne peut se cacher, et qui place l’observé, le « maté » pourrait-on dire, en position d’objet du maton mateur.

Or, c’est bien la voix d’un sujet parlant que nous attendrons au procès. Peut-être s’agirait-il alors de laisser à cet être l’espace nécessaire pour que sa parole puisse émerger, au lieu de ne veiller qu’à le maintenir sous notre loupe muette.

Cell door.

Cell door.

Références

http://www.liguedh.be/espace-presse/116-communiques-de-presse-2011/1175-les-detenus-denoncent-les-conditions-de-detention-des-quartiers-de-haute-securite

http://www.metronews.fr/info/video-salah-abdeslam-quelles-sont-ses-conditions-de-detention-a-la-prison-de-bruges/mpct!tk6KAtuiP5UVE/

http://www.liberation.fr/france/2016/03/21/bruges-l-autre-cellule-de-salah-abdeslam_1441125

http://www.rtbf.be/info/dossier/attaques-terroristes-a-paris/detail_attentats-a-paris-manuel-valls-exclut-de-changer-les-conditions-de-detention-de-salah-abdeslam?id=9304591

http://www.lesoir.be/1193986/article/actualite/france/2016-04-27/salah-abdeslam-place-l-isolement-dans-prison-fleury-merogis-video

[i] Cf. http://www.lesoir.be/1193986/article/actualite/france/2016-04-27/salah-abdeslam-place-l-isolement-dans-prison-fleury-merogis-video